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Les collectivités, moteurs de la transition énergétique

Le coup d’arrêt à MaPrimeRénov’ a pris de court de nombreux ménages. Mais la dynamique de la rénovation énergétique ne s’est pas totalement figée : collectivités locales, bailleurs sociaux et acteurs privés multiplient les initiatives pour maintenir le cap climatique. Entre aides régionales, dispositifs mutualisés et innovations de financement, la rénovation entre dans une nouvelle phase, plus décentralisée.

Un marché fragilisé par la pause de l’État
L’annonce de la suspension de MaPrimeRénov’ en 2025 a provoqué une onde de choc. Cette aide publique représentait la pierre angulaire de la stratégie nationale de rénovation, finançant des travaux d’isolation, de changement de chauffage ou de remplacement de fenêtres. Sa mise en pause pour des raisons budgétaires a immédiatement freiné la demande : les professionnels du bâtiment estiment que 20 % des projets en cours ont été repoussés ou annulés.
 

Les artisans et PME du secteur redoutent une perte de visibilité. « Les carnets de commandes se vident alors que la demande reste forte », alerte Jean-Marc Torrollion, président de la FNAIM. En toile de fond, un paradoxe : alors que les objectifs climatiques imposent d’accélérer la rénovation, l’État a dû freiner faute de moyens.

Les métropoles en première ligne
Face à ce trou d’air, certaines collectivités locales se mobilisent pour compenser. Lyon, Nantes ou Bordeaux ont lancé des programmes spécifiques de subventions, ciblant les logements les plus énergivores (classes F et G du DPE). Paris expérimente un dispositif de prêts bonifiés pour les copropriétés, cofinancé par la Ville et la Banque des Territoires.
 

Les bailleurs sociaux ne sont pas en reste : l’Office public de l’habitat de Lille a annoncé un plan massif de rénovation de 12 000 logements d’ici 2030, financé en partie par des fonds européens. Objectif : réduire la facture énergétique des ménages modestes et améliorer le confort thermique.
 

« La décentralisation des aides est une tendance lourde », analyse Laurence Lamy, experte en financement de la transition énergétique. « Les villes et régions sont en première ligne car elles perçoivent directement les effets sociaux et sanitaires de la précarité énergétique. »

Vers de nouveaux modèles de financement
Dans ce contexte, le secteur privé cherche à inventer de nouvelles solutions. Des banques régionales testent des prêts hypothécaires “verts”, conditionnés à des travaux de rénovation. Certaines start-up, comme Effy ou Hello Watt, proposent des parcours clés en main, combinant diagnostic, financement et suivi des chantiers.
Les assureurs et fonds d’investissement s’intéressent aussi au marché. Plusieurs fonds d’infrastructures ont lancé des véhicules dédiés à la rénovation énergétique, avec des objectifs de rendement indexés sur les économies d’énergie réalisées.
 

Pour les ménages, le paysage devient plus complexe : moins d’aides nationales, mais une multiplication de dispositifs locaux ou privés. Les experts patrimoniaux recommandent d’anticiper : vérifier les aides disponibles auprès de sa région, comparer les prêts bancaires et évaluer le retour sur investissement des travaux.
 

En toile de fond, le défi reste immense : 5 millions de passoires thermiques à traiter d’ici 2030. Sans un retour de l’État dans le jeu, la transition énergétique risque de se fragmenter, laissant une partie des ménages sur le bord de la route.

📌 Sources : FNAIM, Ville de Paris, Banque des Territoires, Effy, Hello Watt, déclarations de Laurence Lamy.
 


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